ROSHEIM – Eglise Saints-Pierre-et-Paul
Photo : J.Ph. Grille
André Silbermann
1733
Partie instrumentale classée au titre des Monuments historiques en 1973
L’ensemble des éléments qui constituent l’article ci-dessous sont issus de la remarquable plaquette qui a été réalisée à l’issue de la restauration de 2019, sous la coordination de Gilbert Poinsot avec les travaux de Christine Muller sur les aspects historiques, et les analyses de Christian Lutz et Quentin Bluemenroeder, sur les travaux de restauration.
HISTORIQUE
Entre 1725 et 1760, la ville de Rosheim est par trois fois en relation avec les facteurs d’orgue Silbermann pour l’achat d’instruments destinés aux deux églises de Rosheim. En 1725, la Ville acquiert pour l’église Saint-Etienne un Positif de quatre jeux, construit par André Silbermann. En 1733, celui-ci place son dernier instrument à l’église romane et en 1759 est conclu avec son fils, Jean-André Silbermann, un contrat pour la fourniture d’un nouvel orgue pour l’église Saint-Etienne.
Le premier orgue de l’église romane
Dans l’état actuel des recherches, l’histoire des orgues de Rosheim, ville divisée en deux paroisses jusqu’en 1803, ne commence qu’en 1660. En effet, la Ville achète du facteur d’orgues Johann Jacob Aebi (1612-1688), originaire de Soleure et installé à Ensisheim, moyennant 100 florins, un positif (un petit orgue posé à même le sol) de 6 jeux. Ayant des imprévus, la Ville déclare le dimanche Rogate 1660, qu’elle ne peut payer la somme en une fois ; elle verse 25 florins et s’engage à payer le solde d’ici à la saint Martin. Dix florins sont versés au fils, Christoph Aebi (1642-1693), le 23 novembre. Un positif est effectivement attesté à l’église Saints-Pierre-et-Paul en 1665 ; il est mentionné lorsque le 28 novembre, on envisage l’acquisition d’un instrument du même type, pour la paroisse Saint-Etienne, Etant donné que la fonction d’organiste (généralement assurée, tout comme la musique à l’église, par le maître d’école) n’apparaît qu’en 1660, on peut penser qu’il n’y avait pas d’orgue auparavant. En effet, le 13 avril 1660, la Ville recrute un nouveau maître d’école. Il s’agit de Hans Heinrich Fortmüller, natif de Lindau, sur les bords du lac de Constance. Cela peut paraître surprenant, lorsqu’on sait que ce dernier était facteur d’orgues et luthérien, alors que la ville de Rosheim était catholique. Fortmüller fonctionnera également comme organiste. Son séjour à Rosheim a laissé des traces dans les archives. Ainsi, par exemple, la ville de Fribourg-en-Brisgau, d’où il venait, lui a-t-elle demandé une attestation de bonne conduite ? Aurait-il eu l’intention d’y retourner ? Toujours est-il que le 4 septembre 1660, la ville de Rosheim va lui délivrer un tel document : « attesta[ti]o concessa. Eß ist Hanß Heinrich[en] Forthmüller dem schul m[eiste]r allhier seines verhaltens ein schein nacher Freÿburg mitzuetheilen erk[ann]t. ».
Néanmoins, Fortmüller est attesté à Rosheim, jusqu’en septembre 1665, semble-t-il comme organiste, et à un moment, comme maître d’école. Par ailleurs, en 1665, la Ville décide d’acquérir un positif (petit orgue), pour l’église Saint-Etienne : « Orgel. Heut data [28.11.] ist durch E[inen] Ers[amen] Rath per maiora Erkandt daß in die Ober St : Stephans Pfarrkirch auch ein positiu auß der Statt Mitelen Erkaufft werd[en] solle », ce qui permet de penser que cette église était jusqu’alors dépourvue d’instrument. Le nom du facteur d’orgues qui livra le nouvel instrument, ainsi que la composition de ce dernier ne sont pas connus. Il a peut-être été construit par Johann Heinrich Fortmüller lui-même qui a effectivement travaillé dans la région. En 1666, c’est peut-être Fortmüller l’organiste de Rosheim qui répare l’orgue de Boersch, et en 1676, il est mentionné nommément dans la comptabilité d’Obernai dont il répare l’un des orgues : « Hanß Heinrich Forthmüller dem Orgelmacher Von der großen Orgel zue repariren geben 2 [pfund]. 10 schilling. ». L’orgue de l’église romane se trouvait peut-être sur une tribune, dès le XVIIème siècle. En effet, le 16.1.1666, Hans Riegert, le jeune, qui avait rempli les fonctions de maître d’école-organiste, est frappé d’amende pour avoir – entre autres – escaladé la clôture donnant accès à l’orgue qui aurait été placé en hauteur : « in der Kirchen übers geterzur Orgel gestiegen ». Si l’on admet que le positif dont a été décidé l’achat en novembre 1665 pour l’église Saint-Etienne n’est pas encore en place, la tribune en question se trouverait à l’église Saints-Pierre-et-Paul.
Dans l’état actuel des recherches, les documents d’archives font défaut jusqu’au début du XVIIIème siècle pour retracer l’histoire des orgues de Rosheim.
En 1707, Joseph Meyenberger, un facteur d’orgues suisse qui effectue des travaux dans la région, répare les orgues des deux paroisses pour 30 livres, comme il ressort d’une mention dans les comptes : « Plus payé à Joseph Meyenberger pour auoir réparé Les Orgues dans Les deux paroisses suiuant Le billet n° 102 [non conservé] – 30 [livres] »
Deux ans plus tard, l’orgue de l’église romane est changé de place. Ce transfert est effectué par Jean George Fridrich, charpentier de Mollkirch, pour la somme de 7 livres 4 sols : « Plus payé audit Jean George Fridrich pour Le transport des Orgues dans La paroisse de St Pierre et de St Paul en Cette Ville d’un endroit dans un autre plus Commode suiuant Le billet n° 48 [non conservé]–7 [livres) 4 [sols] ».
L’orgue André Silbermann (1731-1733)
D’après les comptes communaux, Rosheim aurait voulu faire réparer l’orgue de l’église romane en 1730 et avait mis de côté un pécule de 2100 livres, mentionné dans le compte des revenus de l’année 1730, sous la rubrique « a cause de réparations d’orgues ».
Mais, le 8 janvier 1731, la Ville décide de faire « faire dans nostre mere Eglise [Saints-Pierre-et- Paul] pour l’honneur et la gloire de Dieu, de nouuelles orgues dont Le prix sera pris sur la vente qui a esté faite des bois de chesnes, Sapins et éscorces, et le Surplus sur le fonds des reuenus communs Jusqu à la Concurrence d’une somme de dix sept a dix huit cens florins… ».
La traduction française du marché passé avec Silbermann (qui n’a pas été retrouvée), est communiquée au conseil le 23 janvier 1731. Ce jour-là, il est également fait mention de la somme mise en réserve : « Ce jourd’huy Le greffier a remis au Sr Lamarque Regent En presence des autres Bourgemaitres et des assesseurs, Le translat francois du marché fait par le Corps du magistrat auec le Sr Silberman faiseur d’orgues pour en prendre communication, a charge de le rendre Incessamment. Ce jourd’huy vingt troisième Januier mil sept cens trente un, nous Bourguemaitres de la ville de Rosheim nous estants transportés en la maison de ville, deux heures de releuée en Execution de l’ordonnance du Magistrat de ce jour d’huy, le Sr Jacque Schröder Receueur des reuenus de cette ville, nous aurait apporté La Somme de Deux mille cent Liures : Sçauoir en or dix sept Louis d’or et demy, a raison de vingt quatre Liures L’un faisant 420 # [livres] Et en Escus de Six Liures Lun, faisant 1680 #, reuenant ainsi Lesdfites] deux sommes, a la première de 2100 #. Laquelle somme nous Bourguemaitres susdits] aurions transportée es archiues de cette ville, et icelle enfermée dans L’un des armoires desdfites] archiues mise dans un sac cacheté auec le sceau de cette ville, et don nous aurions remis la clef au Sr Jean Lamarque Bourguemaitre Regent ; pour estre la Susdite somme Employée suiuant la destination et L’Intention de Monseigneur Lintendant duquel Employ II sera toutesfois compté, de mesme que des autres deniers et reuenus Communs et seruira La présente pour déchargé valable audit Sieur Schrôder en attendant que les deniers Soient Employés et les quittances d’employ fournies par les parties prennantes. En foy de quoy nous auons signé, a Rosheim Les jour et an que dessus. A L’Instant led[it] sac a esté porté aux archiues, en presence desd[its] Sieurs Lamarque, Bourger et Dröstler bourguemaitres, et Schröder Receueur dont led[it] Sr Lamarque s’est chargé de la clef pour la représenter quand la Ville aura besoin desd[ites] Especes, sans estre responsable dudit dépôt… », suivent les signatures.
Le procès-verbal d’adjudication au rabais [document non conservé] est daté du 8 mai, après que la Ville eut obtenu l’autorisation de l’intendant le 17 mars 1731 (qui n’a pas été retrouvée). Les prévisions ont été respectées, puisque le prix payé à Silbermann se monte effectivement à 3400 livres [tournois] (soit 1700 florins ou 850 livres d’Alsace) et un foudre de vin (environ un millier de litres), « outre les frais de Nourriture, et autres… ».
Le bruit s’étant répandu dès janvier que Rosheim songeait à l’acquisition d’un orgue neuf, André Silbermann ne fut pas le seul organier en lice. Dans ses mémoires, son fils jean-André rapporte que Johann Georg Rohrer et Joseph Waltrin, qui avaient été associés, s’efforcèrent, chacun de son côté, de remporter le marché. En particulier, Rohrer se serait procuré des tuyaux de l’orgue Silbermann (1713) d’Obernai et les aurait montrés au Magistrat de Rosheim en les faisant passer pour siens. Le Magistrat aurait répondu vouloir un orgue et non des tuyaux. Rohrer rédigea effectivement un projet d’orgue qui serait devenu presque plus grand que l’église (« Er machte einen Aufsatz von einer Orgel die fast größer weder die Kirche selber worden wäre. Die Herren aber nahmen ihn nicht an. Er würde nachgehents von dem Organisten meinem Vatter gegeben. ») qui ne fut pas retenu ; l’organiste de Rosheim remit le document à André Silbermann. Ce dernier fut appelé à Rosheim peu après et le marché conclu.
Cependant, avant de pouvoir installer l’orgue, la Ville procède à la remise en état de la nef de l’église romane et à la construction d’une tribune. Dans la foulée, la Ville fait en effet faire en 1731 un certain nombre de travaux à l’église romane (mais la comptabilité communale ne spécifie pas toujours dans quelle paroisse certains travaux ont été effectués). On relève néanmoins quelques dépenses pour Sts-Pierre-et-Paul, en 1730 : à « Michel Draeguer « M[aîtr]e Maréchal, Sçavoir 22 [livres] 4 s[ols] pour la façon de I I I Crampons de fer Employés a la Neef de l’Eglise St Pierre et St Paul ». En 1731, la Ville verse 300 livres à « Jean Peter M[aîtr]e Maçon Tailleur de pierres pour auoir plâtré la Nef de l’Eglise parroissialle de St Pierre et St Paul… ». Il y effectue également quelques réparations. La chaux qui a été employée provient du tuilier de Boersch et probablement de celui de Bischheim (Bischoffsheim) et le sable, de Rosheim. Vingt- six boisseaux de plâtre ont été moulus au moulin de Jean Bernard Wernert, moyennant 16 livres et 12 sols.
La construction de la tribune
L’installation du nouvel orgue a nécessité la construction d’une nouvelle tribune, adaptée à l’instrument. Elle était soutenue par un arc, visible sur la lithographie de Nicolas Maire, Joseph Chapuy et Alfred Guesdon, parue en 1839 dans Le Moyen Age monumental et archéologique. Il sera démoli selon le mémoire de l’architecte Ringeisen du mois de décembre 1859, qui, à cette occasion, note en effet que : « pour supporter le Buffet d’orgue on a établi au siecle dernier à l’entrée de la nef une grande arcade en anse de panier partant et s’encastrant sur les 2 premiers piliers vers la porte principale. De plus il a été établi un escalier en pierre de taille dans l’angle sud ouest pour arriver à la tribune, ce qui a motivé : I ° laTaille de tout un côté de l’arcade pour permettre le passage 2° des incrustations profondes pour loger les poutres du solivage 3° des mutilations dans les chapiteaux et pilastres 4° enfin le Bouchement de la rosace du milieu du Pignon. Le Buffet d’orgue pouvant etre facilem[en]t transporté dans l’étage de la tour ancienne contre le chœur il est de la plus urgente nécessité de faire disparaitre ces mutilations préjudiciables à la solidité et à l’aspect du Batiment… ».
L’ensemble de l’infrastructure s’est avancé au-delà du premier doubleau, modifiant totalement l’aspect intérieur de l’église romane.
La partie en bois de la tribune est mise en place en 1733. La Ville paye en effet 103 livres 10 sols à Jean Stöhr et Pierre Schaller « pour madriers façonnes à l’vsage du jubé d’orgues dans la Paroisse de St Pierre et St Paul ».
Traces de la tribune de 1733 sur les murs actuels
L’installation de l’orgue
Les notes de Jean-André Silbermann et la comptabilité communale fournissent quelques indications concrètes sur le montage de l’instrument. En 1733, la Ville dépense 17 livres 5 sols 4 deniers, payés « au S(ieu)r Michel Heym l’vn des conseillers pour remboursement de ce qu’il avoit déboursé à Strasbourg au Sujet du transport et conduite des orgues de la Paroisse de St Pierre et St Paul ».
Les travaux commencent le 3 août 1733 ; dans la soirée les facteurs d’orgues arrivent à Rosheim avec un premier chargement de 6 voitures ; 4 autres voitures suivront le surlendemain. Comme de coutume, les différents éléments ont été préparés dans l’atelier strasbourgeois ; à l’exception des tuyaux de façade et des pavillons des trompettes, l’ensemble de la tuyauterie sera soudée sur place par Jean-André lui-même.
A Rosheim, les facteurs d’orgues travaillent en face de l’église, à côté du greffe, dans la neue Stube, cependant qualifiée de « vieille maison » par Silbermann et prennent leurs repas à l’auberge de la Couronne, située dans le quartier Lebar et tenue par Christoph Fischer. Les frais de bouche sont à la charge de la commune qui verse à l’aubergiste 344 livres. En effet, d’après les notes de Jean-André, il était accompagné de son frère Jean-Daniel (Strasbourg 1717- Leipzig 1766) et de deux compagnons. Jean-André s’absente deux jours, en raison d’une blessure à un doigt ; c’est la voiture de la ville de Rosheim qui le mène à Strasbourg et le reconduit à pied d’œuvre.
Lorsque son père monte l’orgue de Rosheim, Jean-André Silbermann en profite pour aller sur d’autres chantiers. Il gagne Saint-Léonard à pied, pour y nettoyer et réparer l’orgue du 23 au 26 octobre, moyennant 20 florins. De retour à Rosheim, après le repas de midi le 26, il se rend vers le soir à Altorf en voiture, où il commence à accorder l’orgue. Son père le rejoint le lendemain, pour l’aider au nettoyage de l’instrument.
La comptabilité communale rend compte du payement du prix de l’orgue. A ce qui avait été prévu, s’ajoutent les frais de nourriture des facteurs d’orgue durant leur séjour à Rosheim, ainsi que le prix de travaux effectués par Silbermann à la tribune. Le prix de l’instrument, (entièrement) payé par la ViIle, se serait monté à au moins 4712 livres 15 sols 4 deniers (sans le prix du vin, mais avec les sommes versées à Michel Heym, Jean Stöhr et Pierre Schaller), étant donné que Silbermann effectue encore pour 848 livres de « réparations au jubé » (c. à d. à la tribune), et qu’il y eut de sa part quelques frais annexes (pour « fournitures »). Curieusement, l’acompte versé à Silbermann n’a été comptabilisé que dans le compte pour l’année 1735 : « au S. Silbermann acompte du prix de I’orgue de la Paroisse St Pierre et St Paul de Rosheim 682 [livres] 19 [sols] ».
Sur le produit de la vente des bois, comptabilisé dans un cahier spécial, la Ville verse « Suiuant le procès verbal d’adjudication au rabais du 8 may 1731 aprouué de M. Gayot en l’absence de M. L’Intendant, et le decret de M. L’Intendant du 17 mars de la même année, portant permission de proçéder a lad. adjudication, la quittance au bas dudit procès verbal du 4 Januier 1734 et autres pièces cy Jointes, et cy raportées en originaux, cottées K [non retrouvées] Il a été payé au Sr andré Silbermann pour le prix des orgues, outre les frais de Nourriture, et autres stipulés par le proçés verbal 3400 #. A Christophe fischer hôte de la couronne pour la nourriture donnée au Sr Silbermann, et a quatre garçons dépuis le 3 août jusqu’au 21 8bre 1733, tems auquel ils étaient occupés a dresser lesd. orgues, Suiuant sa quittance [non retrouvée] cy raportée… 344 #. audit Silbermann pour réparations faites au Jubé et fournitures auxquelles on S’était engagé par led. Procès verbal, et Suiuant conuention et quittances. Cy raportées [non retrouvées], cottées M 848 #. Nota, Le Sr Jacque Schröder ancien Receueur a auançé des reuenus patrimoniaux pour le payement des. Sommes Sauoir Pour les arrhes aud Silberman 400 # prises Sur celle de 2100 # portée en la piece cy jointe [non retrouvée] cottée H. Et Suiuant I ordonnance cy raportée [non retrouvée] – , cottée I 19 – 282 [livres] 19 [sols] [total] 682 [livres] 19 [sols] Delaquelle Somme il Sera tenu compte aud. Schröder Sur le débit au dernier compte des reuenus patrimoniaux, Le Surplus de la de Somme montant a 3909 # I s ayant été payé du fonds Extraordæ du présent compte. ».
Le facteur d’orgue devait recevoir un foudre de vin. Le compte pour l’année 1732 fait état de : « Dépense En vin… au Sr Zibermann faiseur d orgues Suiuant le marché 33 M[esures] » soit environ 1500 litres (il aurait donc reçu plus qu’un foudre ?).
L’orgue de l’église Saints-Pierre-et-Paul de Rosheim était la dernière œuvre d’André Silbermann qui devait décéder le 16.3.1734. Son fils écrit à propos de cet instrument : « Mein Vatter legte damit wie mit allen Orgeln die er in seinem Leben verfertiget datte aile Ehre ein, dan er war nicht gewohnt wie es die Pfuscher zu machen pflegen sich selbsten zu loben, er lie/3 solches seine Arbeit thun. Es war dieses Werck das letzte welches ergemacht, indeme er gleich aufden Neuen Jahrstag I 734 anfieng unpâBlich zu werden, welches so lange gedauert bi/3 ihn der liebe Gott den 16 Marty I 734 Feyerabend gabe und ihn von dieserWelt abforderte, da ersein Leben in bestàndigerMühe und Arbeit nicht hôher als auf55 Jahr 9 Monat und 21 Tage gebracht hat… Was nun sein Todt bey denen Stümblern im gantzen Lande vor eine Freude verursachet hat, ist nicht zu beschreiben. ».
Description de l’orgue
Bien que l’instrument ait été démonté et transformé en 1859, on connaît sa structure, grâce aux notes de Jean-André Silbermann.
Le buffet du Grand Orgue, avec console en fenêtre contenait deux sommiers diatoniques et le petit sommier du Cornet d’Echo (3ème clavier dans le dessus). Le buffet du Positif renfermait un autre sommier chromatique (à l’exception de quelques basses). Les tuyaux de la Pédale étaient placés à l’arrière, sur deux sommiers diatoniques. Pour l’alimentation en vent, il y avait trois soufflets cunéiformes de 6 pieds 1 pouce sur 3 pieds 4 pouces, à 6 plis, actionnés au moyen de poulies par les Balckzieher de la paroisse.
Les dimensions du buffet du Grand Orgue (actuellement réutilisé dans l’église de Waldolwisheim) sont imposantes (et difficiles à mesurer) : plus de 6 m de haut (avec le couronnement de la tourelle centrale qui a disparu, le plafond de l’église de Waldolwisheim étant trop bas), environ 3,70 m de large au niveau des tuyaux, 4,60 m au niveau des ailes et 1,20 m de profondeur Le buffet du Positif mesure 1,76 m de haut, pour 1,80 m de large et 0,84 m de profondeur.
Le buffet du Grand Orgue comporte trois tourelles à cinq tuyaux, la grande au milieu et deux plates-faces de 9 tuyaux. Jean-André Silbermann a estimé le coût de la construction d’un tel buffet, les travaux de sculpture étant comptabilisés à part : « Ein Orgelcorpus wie Rosen. In Holtz und Schreiner Arbeit, schätze 250 biβ 275. Zierathen zu schneiden von H[errn] Ket[terer] 50, Also überhaupt 300 biß 350 [Gulden] ».
André Silbermann, ayant donné congé à son menuisier sculpteur attitré, Andréas Bender, parce que celui-ci avait refusé une offre, préférant travailler pour Joseph Waltrin (pour l’orgue de Niederhaslach), s’adressa à partir de 1732 au colmarien Anton Ketterer I. C’est ainsi qu’échappèrent à Bender notamment les buffets de Colmar (Saint-Matthieu, 1732), de l’abbaye de Koenigsbruck ( 1732) et de Rosheim.
L’orgue au XVIIIème siècle
Le 4 octobre 1745, Jean-Daniel et Jean-Henry Silbermann (Strasbourg 1727-1799), fils d’André et un compagnon (Christoph von Hannover) se rendent à Rosheim pour nettoyer et accorder les orgues des deux églises et descendent chez Christoph Fischer comme en 1733. Ils mettent 11 jours (dont 7 jours à trois) pour effectuer ce travail, payé 55 florins, d’après les notes de Jean-André (114 livres 8 sols d’après la comptabilité communale de 1746). Le 10 octobre, Jean-André était venu à Rosheim chercher son frère Jean-Henry, en raison de la maladie de leur mère (qui devait décéder le 24.11.1745).
Lorsque Jean-André Silbermann fournit en 1760 un orgue neuf pour l’église Saint-Étienne, on lui demande d’accorder l’instrument de Saints-Pierre-et-Paul. Le prix qu’il propose (6 Louis d’or, soit 72 florins), avec les frais d’hébergement ayant paru trop élevé aux édiles, ceux-ci s’adressent après un peu élégant marchandage au facteur d’orgues strasbourgeois Rohrer qui effectuera le travail pour 109 livres (d’après les comptes communaux ; 50 florins et 3 florins pour son compagnon (Gesell), d’après les notes de Jean-André Silbermann), en jurant par la suite qu’il ne ferait plus le travail à un aussi vil prix. Profondément déçu, Jean-André Silbermann conclut ainsi le chapitre de ses notes qu’il a consacré au dernier instrument de son père : « Vors künfftige rühre ich sie nim[m]er an, und ist mir leyd, daβmeines seel[igen] Vatters letzte Arbeit wegen Unwissenheit derer wo dazu zu reden haben, in schlechte Hände gerathen ».
En 1769, le serrurier de la Ville, Johannes Schuster, répare le Drambetemeng (tremblant) de l’orgue. L’instrument est «nettoyé et raccommodé» en 1782 pour 96 livres, par Michel Stiehr, un facteur d’orgues venu peu de temps auparavant (1777) de la région de Wurtzbourg et établi à Seltz, où il fera souche dans le métier. C’est son premier travail connu en Alsace.
L’orgue aux XIXème et XXème siècles
La comptabilité mentionne quelques travaux aux orgues de Rosheim, sans toujours préciser de quel instrument il s’agit. En 1816, on verse 62 francs « payés en accompte au S. Stier faiseur d’orgue, pour réparation et embelissement aux deux orgues… ». L’année suivante, en 1817, on verse 250 francs « au S. Stier faiseur d’orgue pour le netoyement des deux orgues suivant accord et quittance n° 33… » ; il s’agit probablement à nouveau de Michel Stiehr qui est encore mentionné en 1823. Le serrurier Mathias Lotz fournit en 1817 « quatre Chandeliers en fer sur les deux orgues », moyennant une somme de 6 francs. En 1825, il est fait état d’une dépense de 10 francs « au S. Chaxel de Benfeld pour avoir réparé les soufflets des orgues ».
Les documents semblent muets au sujet de l’orgue Silbermann jusqu’à son démontage par Joseph Stiehr ( 1792-1867), de Seltz, le fils de Michel, à l’occasion des travaux de remise de l’église dans son état « roman », tel qu’on le concevait à l’époque, avec création d’un mobilier néo-roman.
Le transfert de l’orgue et les transformations Stiehr
Le 18 juin 1857, le Maire expose « que l’Eglise antique,.. nécessite des réparations très urgentes pour sa conservation, que ce monument qui date du 9ème ou 10ème siècle est très intéressant, tant sous le rapport de Son antiquité que Sous Celui de Sa construction remarquable, et mérite par conséquent que la commune fasse des sacrifices d’argent pour sa restauration complète et pour le rétabli dans son Style primitif d’architecture ».
La ville de Rosheim étant déjà en rapport avec la maison Stiehr-frères, de Seltz depuis 1857, pour la construction d’un orgue neuf à l’église Saint-Etienne, il était naturel qu’elle s’adressât à la même maison pour faire réparer l’orgue de l’église Saints-Pierre-et-Paul. Un premier devis de « réparations » se montant à 1210 francs était en effet compris dans le devis Stiehr frères pour la fourniture d’un orgue neuf pour l’église Saint-Etienne. Cette somme a été déductible du prix de l’orgue de l’église Saint-Etienne, étant donné que ces travaux devaient être ajournés jusqu’à la fin du chantier de l’église romane. Cependant, la Ville traita dès la même année avec Joseph Stiehr de la maison Stiehr-Mockers, l’autre entreprise de Seltz. Les éléments de son devis ne sont plus connus que par le résumé qu’il en est fait dans le procès-verbal de réception des travaux, daté du 1er juin 1863. Pour autant qu’on puisse en juger d’après les données qui y sont citées, il ne s’agissait que d’une réparation («Travaux d’appropriation ») avec accord, se montant à 1540 francs. À ce moment (1857) la démolition de la tribune n’était visiblement pas encore décidée.
Joseph Stiehr vers 1852 (photo conservée à la paroisse protestante de Barr)
« Stipulations suivant le Devis de 1857 : |
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1° pour garnir à neuf de cuir les Sommiers et les Soupapes du Manual du Positif et de la Pédale [donc suppression prévue de l’écho ?] |
150 fr |
2° pour nettoyer tous les tuyaux |
100 |
3° Un Soufflet à double pompe & un réservoir sur 2 m 50 de long & I m 45 de large |
750 |
4° Réparation du Mécanisme, garnir les claviers d’ivoire & d’ébène |
90 |
5° Intonnation, réparation des Tuyaux, Accord |
450 |
A reporter |
1540 [francs] » |
Mais l’orgue qui ne devait plus encombrer la nef, va, en fait, trouver place à l’étage de l’ancienne tour-chœur, où il est pratiquement invisible.
Le Maire signale début avril 1859 que l’église a été fermée et une partie du mobilier démoli ; le 8 septembre, une somme de 85,13 francs est mandatée à Georges Monsch « pour fourniture de toile pour recouvrir l’orgue de l’Eglise [antique] ». Toujours d’après le procès-verbal de réception, l’orgue est « démoli » en octobre pour 140 francs. L’entrepreneur d’une partie des travaux d’aménagement de l’église, Mathias Jéhu, mentionne le 24 mars 1860 avoir « fourni pendant 2 jours 2 fors ouvriers aux facteurs d’orgue lors de la démolition du buffet : 8 francs 80 ».
Des travaux supplémentaires vont entraîner de nouvelles dépenses.
En effet, au moment du remontage de l’orgue dans le nouveau local, aménagé par l’architecte de l’arrondissement de Sélestat, Antoine Ringeisen, chargé des travaux, à l’étage de l’ancienne tour chœur, de nouveaux problèmes sont apparus, ce qui amène J. Stiehr à présenter une « Note supplémentaire » et à adresser à Ringeisen la lettre suivante, le 1er juin 1863 : « le local exceptionnel du nouvel emplacement de l’orgue de l’église antique de Rosheim a exigé impérieusement des modifications dans les dispositions des différentes parties du mécanisme. Ainsi le Positif ou petit orgue [le Positif de dos] que j’ai cru pouvoir placer au-dessus du grand’ jeu, a dû être disposé sur le même plan que ce dernier. De là la nécessité de deux sommiers neufs. J’ai remis une note à Mr le Maire, mais je ne sais pas pour quel motif, cette note ne vous a pas été présentée lors de la réception. En conséquence j’ai l’honneur de vous la transcrire ci- après en vous priant de la prendre en considération
Note supplémentaire
Réparations non prévues.
1° La hauteur du nouveau local, ayant été insuffisante pour placer le Positif sur le Grand’jeu, il a fallu disposer les deux jeux l’un à côté de l’autre, ce qui a nécessité la construction de deux sommiers neufs évalués à 700 fr.
2° Réparation du sommier de la pédale à 30.
3° Les trois claviers ont été remplacés par des claviers entièrement neufs ci 120. total 850. Déductions à faire.
1° L’article 1er du devis est supprimé par suite des nouvelles stipulations 150 fr
2° Reprise des anciens sommiers ci 180.
3° L’article 4 du devis pour réparation des claviers est également supprimé, ci 40. total 370.
Réparations nouvelles 850. Déductions 370. reste à me payer 480… ».
A reporter 1540 [francs] ».
Entre temps, le 10 juin 1861, le conseil municipal a approuvé le devis de 3000 francs de Joseph Stiehr « pour l’appropriation de l’orgue ». Prévu pour août 1861, le remontage sera différé jusqu’au début de l’année 1863, étant donné le retard pris par les travaux de l’église. Deux versements de 1500 francs seront mandatés au facteur d’orgues les 30 mars et 22 juillet 1863.
Le devis Stiehr n’ayant pu être retrouvé, il faut à présent se contenter des informations fournies par le brouillon (peu lisible) du « Procès-Verbal de Réception des Travaux d’appropriation de l’Orgue de l’Eglise St Pierre & St Paul » du 28 mai 1863, rédigé le 1er juin, pour connaître la teneur du devis et la nature des travaux effectués.
« Suivant Soumission en date du 8 juin 1861, le Sr Stiehr Joseph facteur d’Orgues à Seltz s’est engagé envers la Commune de Rosheim à exécuter les Travaux d’appropriation de l’Orgue de l’Eglise St Pierre et St Paul suivant le Détail ci-après :
L’An Mil huit cent soixante trois, le 28 Mai, Nous soussigné A. Ringeisen, Architecte de l’Arrondissement de Schlestadt, Sur l’invitation de Mr Le Maire de Rosheim, Nous nous sommes rendus dans cette Commune à l’effet de procéder à la Réception des Travaux d’appropriation de l’Orgue de l’Eglise St Pierre &Paul
Où étant et assisté de Mr le Maire de M. Gross Pierre professeur de musique à l’Ecole normale de Strasbourg, expert nommé par la commune, de Mr.Venning organiste à Barr, expert nommé par le facteur et en présence du Sieur Stiehr, Soumissionnaire, Nous avons procédé à notre opération ainsi qu’il suit :
Suivant Soumission en date du 8 Juin 1861 le Sr Stiehr Joseph, facteur d’Orgues à Seltz s’est engagé envers la Commune de Rosheim à exécuter les Travaux d’appropriation de l’Orgue de l’Eglise St Pierre et St Paul Suivant le Détail ci-après :
Stipulations Suivant le Devis de 1857 [cf. plus haut]… 1540 [francs]
Le déplacement de l’Orgue ayant été décidé, il faut l’approprier au nouveau local situé audessus du chœur dit de l’Assomption
Stipulations |
|
1° Démolition de l’Orgue en Octobre 1859 |
140 [francs] |
2° Un Mécanisme neuf tant pour le Manual que pour le Positif |
650 |
3° Les deux Claviers disposés avec des vis |
40 |
4° Remplacer le Registre Fourniture du positif (dont on ne peut plus se servir) par un Salcional [sic] neuf, la première octave en bois, le reste en étain |
210 |
5° Transformer le Nazard du positif en flûte de 4 pieds en ajoutant 8 tuyaux neufs à la Basse en étoffe & la Doublette en Flageolet |
60
|
6° Pour rendre le son du grand Orgue plus harmonieux & plus plein, il faut remplacer les Jeux criards, la cymbale & la Tierce par un Registre neuf, Viole de Gambe de 8 pieds en étain qui commencera aussitôt que la hauteur de la voûte le permet |
300 |
7° Transport des matériaux à Seltz & retour |
140 |
Total |
3080 |
Le Sommier de l’Echo, le petit Cornet en reprise, à déduire |
80 |
Reste |
3000 |
Le Facteur reprend l’ancien Buffet & s’engage à en fournir un neuf approprié au nouveau local et à le vernir et peindre, il s’engage à terminer ce Travail dans le courant du mois d’Août 1861 & à en garantir la bonne exécution pendant trois ans. Le tout moyennant [rajout un mot illisible] la somme de Trois mille francs payable immédiatement après l’approbation de la Réception desdits Travaux.
Le dit Accord ainsi qu’il est stipulé cidessus ayant été approuvé par Mr le Préfet du Bas-Rhin le 11 Janvier 1862, il fut procédé à l’exécution des dites réparations qui ont été retardées jusqu’à ce jour; par suite de différentes dispositions relatives aux travaux d’ameublement de l’Eglise. Nous avons d’abord procédé à l’examen du Buffet de l’orgue qui est en Bois de Sapin Vernis, présentant 5 compartiments sur sa Montre et de côté des panneaux et corniches en même bois
La disposition des lieux a forcé
1° de placer le clavier sur le coté,
2° a disposer le soufflet en avant en ramenant ses dimensions à 3 m sur [ ?] I m 20,
3° a établir [sic] de positionner [ ?] le positif que le facteur avait cru pouvoir placer audessus du Grand jeu et de le descendre sur le m[ême] plan que ce dernier ; de la la nécessité de 2 sommiers et des 3 claviers entièrement neufs au lieu des réparations prévues aux articles 1° et 4°. à ces modifications importantes près toutes les autres parties [ ?] du marché ont été ponctuellement suivies. Nous avons ensuite procédé à l’examen du jeu d’orgue et après [ ?] avoir mis en mouvement tous les registres, il a été reconnu que l’execution était en tout conforme à l’accord et que les sons rendus sont pleins, harmonieux et produisent un effet remarquable. Le facteur reclame pour les modifications cidessous apportées à l’accord savoir
Construction de 2 sommiers neufs |
700 |
Réparation au somier [ ?] de pédale |
30 |
Les 3 claviers neufs |
120 |
[ ?] |
850 |
Dont à déduire l’article I ° du devis à supprimer] |
150 |
Reprise des anciens somiers l’article 4 du devis […] |
40 |
Reste par différence |
480 |
Les experts soussignés reconnaissent l’exactitude de la réclamation cidessus et la Convenance des prix appliqués ; mais attendu qu’il n’a été apporté aucune modification dans l’emplacement depuis la passation du contrat approuvé, qu’il n’a été produit aucune demande ni accord à cet effet avec la Commune qui autorise cette modification [sic] l’objet de cette réclamation, ils ne peuvent l’admettre sans une délibération spéciale du Conseil municipal approuvée par le préfet [sic] que la mentionner en en reconnaissant la Convenance.
En conséquence, le facteur ayant d ailleurs rempli les conditions de son marché nous estimons qu’il y a lieu de faire payer au Sr Joseph Stiehr par le receveur municipal de Rosheim la some de 3000 [francs]
Trois mille francs prix Convenu avec la Commune ci 3000 [francs]
Dont à déduire pour acompte le 14 février 1863 1500 [francs]
Reste à payer par la commune pour décompte 1500 [francs]
fait et donné à Schlestadt le 1er Juin 1863
Les experts L’architecte d’a[rrondissemen]t ».
La tuyauterie Silbermann que Stiehr a maintenue dans sa grande majorité (elle est très bien conservée), a été placée dans un buffet en sapin, sans décor (on ne le voit pas de la nef), sur deux nouveaux sommiers à gravures intercalées ; les deux sommiers de pédale de Silbermann ayant été conservés.
Conformément à la tradition de l’époque, Stiehr a éliminé certains jeux ; ce poste ne figure pas au devis de 1857 ; il semble que ces transformations n’aient été envisagées qu’après que l’on eut décidé « Le déplacement de l’Orgue » : il fallut en effet « l’approprier au nouveau local ». Comme toujours, ces travaux consistent en l’élimination des « jeux criards » ou « dont on ne peut plus se servir », remplacés par des jeux gambés. En 1863, par contre, Stiehr intègre une partie de ces mêmes jeux (Cornet d’écho, Doublette et Fourniture du Positif) dans l’orgue de Georg Friedrich Merckel (1735) provenant de Benfeld qu’il transfère à Lixhausen ; ils s’y trouvent toujours. Par contre la Cymbale et la Tierce du Grand-orgue vont disparaître.
Les claviers manuels ont conservé leur étendue de 48 notes et la pédale celle de 24 touches. La traction est latérale, par manque de hauteur Stiehr a installé un accouplement, permettant de jouer le Positif et le Grand orgue depuis ce dernier L’orgue, garanti trois ans, fut reçu par Pierre Gross, professeur de musique à l’Ecole normale de Strasbourg (expert nommé par la commune) et par Jean Frédéric Wenning ( 1806-1878), organiste à Barr (expert nommé par le facteur). Un « dîner d’inauguration des orgues de l’église antique » réunit les personnalités à l’auberge du Soleil, à qui la Ville verse 75 francs 50. Le montant des travaux s’élève à 3000 francs, conformément à la soumission du 8 juin 1861.
Inscription laissée dans l’orgue par Edouard Stiehr
(1842-1879), l’un des fils de Joseph :
« Stiehr Edouard de Seltz 1863 »
Marque « Salicional » par Stiehr
Sous un faux-sommier :
« Stiehr Edouard de Seltz a étté a Rosheim dan l’anée 1863 »
Marque « Flut 4 P C » par Stiehr
sur le 1er tuyau de la flûte 4 du Positif
Le sort du buffet de l’orgue Silbermann après le transfert de l’instrument
Dès le mois de décembre 1861, Joseph Stiehr s’était engagé à construire pour l’église de Waldolwisheim un orgue neuf, livrable en septembre 1862 et logé dans le buffet Silbermann qu’il allait reprendre à Rosheim ; en fait, l’instrument ne sera reçu qu’en novembre 1863.
L’orgue de Stiehr à Waldowisheim dans les buffets de Rosheim
L’orgue de Rosheim depuis la fin du XIXème siècle
L’orgue est ensuite entretenu par abonnement par la maison Stiehr et en 1868 et 1870 par Joseph Andlauer « facteur d’orgues à Strasbourg » qui a « accordé les orgues des 2 églises » pour 100 francs.
En 1898, le facteur d’orgues de Molsheim, Franz Kriess, hausse le diapason de presqu’un ton pour le mettre au La à 435 Hz. D’après la délibération du 8 mai 1898, prise à l’unanimité par le conseil municipal, il est décidé d’engager 280 Mark pour des travaux, attendu que : « die Orgel…, seit 35 Jahren nicht mehr gereinigt worden, und daher ganz verstimmt ist, auch ist eine Stimmung der Orgel nach Sachverständigen Gutachten, ohne gründliche Reinigung nicht möglich. ». On confie à Kriess « die Reinigung, intonation und Stimmung der Orgel ». L’inscription suivante, relevée dans l’orgue, mentionne ces travaux : « Anno Domini I898 wurde die Orgel um einen Ton höher gestimmt ! ».
En 1917, les tuyaux de façade, à haut pourcentage en étain, échappèrent à la réquisition par les Allemands. Les façades signalées comme « historiques » devaient être exemptées de la réquisition, ce fut ainsi, par exemple, le cas de celles des orgues Silbermann de Marmoutier, d’Ebersmunster ou de Wasselonne. D’après Charles Kuntz « Lors de l’enlèvement par les Allemands des tuyaux d’étain dans les façades des buffets d’orgues en 1917, l’œuvre de Silbermann fut épargnée. L’employé chargé de l’inspection, s’étant trouvé dans la nef de l’église, ne put apercevoir les façades, et il en conclut que des tuyaux de ce genre manquaient dans notre instrument. Au fond, il avait parfaitement connaissance du contraire, mais il comprit probablement lui-même l’absurdité de priver ce vénérable instrument de ses tuyaux d’étain, – ce qui aurait été une perte irréparable, – et par acquit de conscience, il se servit de la dite excuse ».
Une première soufflerie électrique est installée probablement par Kriess. Ce dernier fournit en 1926 un nouveau réservoir à deux plis compensés.
Les claviers sont remplacés en 1935 par Jean Lapresté, qui avait repris la maison Rinckenbach d’Amerschwihr; après sa faillite, avec les naturelles plaquées d’ébène dans un souci d’« authenticité historique » ; il intervient également sur le pédalier et augmente sans doute la pression.
Vers la fin des années 1950, un projet de reconstruction moderne par la maison Roethinger prévoyait la reconstruction sans buffet, au sol, dans le transept, comme le montrait un dessin. En 1967, il est à nouveau question de rapatrier le buffet.
Projet de reconstruction dans le transept nord par Valentin Jaeg. L’orgue est posé au sol. 1971.
Un siècle après, les travaux d’aménagement du XIXème siècle, ces derniers (à l’exception des restaurations des fenêtres et des vitraux) seront remis en question : l’église sera vidée du mobilier néo-roman, à l’exception d’un confessionnal et de l’autel de la Vierge, dans l’absidiole Nord-Est.
Dans son état actuel, l’instrument a fonctionné durant près de 140 ans, sans réparations majeures. En 1986, l’inventaire de l’ARDAM signalait : « Etat : très bon, grâce à l’entretien régulier et méticuleux de son titulaire, Pierre Lehn ».
En 1995, Gaston Kern nettoie l’instrument et traite les boiseries à l’insecticide : puis l’orgue est emballé en février 2001, à l’occasion des travaux sur le parvis de l’église, et depuis il attendait sa restauration.
La partie instrumentale a été classée au titre des Monuments Historiques en 1973.
Quelle restauration pour l’orgue Silbermann de Rosheim ?
Le dernier orgue achevé du vivant d’Andréas Silbermann est l’un de ceux dont la tuyauterie a été la moins altérée, mais aussi l’un de ceux qui ont le plus souffert des transformations ultérieures. Suite à la restauration globale de l’église romane, réalisée de 1859 à 1864, l’instrument a été démembré par les facteurs d’orgues Stiehr-Mockers et ses éléments ont été répartis dans trois lieux différents :
- 18 jeux sur les 23 registres d’origine sont restés à Rosheim, ainsi que les sommiers de la pédale ;
- les deux buffets et les sommiers du grand-orgue et du positif ont été transférés à Waldolwisheim, pour y accueillir un nouvel orgue de Stiehr ;
- la Doublette et la Fourniture 3 rgs du positif, ainsi que quatre rangs du Cornet d’écho ont été transférés dans l’orgue de Lixhausen, un petit instrument de Merckel, provenant de Benfeld.
De l’orgue d’origine, seuls les éléments suivants ont disparu :
- les trois claviers, le pédalier et les tirants de jeux ;
- la mécanique de tirage des notes et des jeux des claviers manuels ;
- la soufflerie cunéiforme et ses porte-vent ;
- le sommier de l’écho ;
- la Tierce I 3/5 et la Cymbale 2 rangs du grand- orgue, ainsi que quelques tuyaux épars.
Sur la base de ce constat, la perspective de réunir tous les morceaux épars et de restituer l’état d’origine était des plus séduisantes. Une étude préalable à une telle restauration fut réalisée en 1993 par le technicien-conseil Marc Schæfer et l’architecte en chef Daniel Gaymard.
L’abandon de la restitution de l’état de 1733
Photomontage : l’église telle qu’elle pouvait se présenter avant 1859 (J.Ph. Grille)
Aussi enthousiasmant qu’il pouvait apparaître à première vue, le retour à l’état d’origine n’a pas été retenu à l’issue de l’étude de 1993. Une telle restitution se heurtait en effet à plusieurs obstacles de taille :
- très fière d’avoir hérité d’un buffet d’orgue de Silbermann, la commune de Waldolwisheim n’était pas du tout disposée à le restituer à Rosheim ou à se contenter d’une copie. Il aurait donc fallu confectionner une réplique des deux buffets et des sommiers de grand-orgue et de positif pour Rosheim, ce qui réduisait la pertinence de la démarche de reconstitution de l’état originel.
- En 1733, l’orgue Silbermann était placé au revers du mur occidental de la nef, sur une tribune en pierre assez profonde, qui occupait toute la première travée, soit un cinquième de la profondeur de la nef, ainsi qu’on peut le découvrir sur la gravure ci-dessous. La reconstruction d’une telle tribune aurait eu des conséquences non négligeables sur la perception de l’espace intérieur de l’édifice.
Vue perspective de la tribune qui supporta l’orgue Silbermann de 1733 à 1859 .
Gravure éditée en 1839 par Chapuy et Guesdon
- Pour diminuer cette emprise dans la nef, l’architecte Valentin Jaeg avait imaginé dès 1971 de placer l’instrument sur une sorte de tambour placé au revers du portail occidental et intégrant deux escaliers d’accès, sans toucher aux murs de l’église. Mais un tel projet ne permettait de loger ni la pédale de Silbermann ni la soufflerie.
- En variante, Valentin Jaef avait proposé de placer l’orgue dans le transept nord, sur un podium en bois. Mais pour qu’il n’empiète pas sur la perspective du bas-côté nord vers le chapelle nord- ouest, il aurait fallu plaquer le grand buffet contre le mur septentrional, ce qui ne laissait plus aucune profondeur pour la pédale ni même pour accéder aux tuyaux du grand-orgue.
Les fondements de la restauration de 2018-2019
Une fois que l’on avait écarté la restitution de l’état de 1733 et le rassemblement des morceaux dispersés, on aurait pu se contenter d’un relevage de l’instrument, c’est-à-dire une intervention visant à le remettre en parfait état de jeu, mais sans revenir sur les modifications de 1898 et de 1935.
Une fois que le deuil de la « grande restauration » a été fait, il a néanmoins été possible d’envisager une solution intermédiaire entre le retour à l’origine et le statu quo, visant à restituer l’état de 1863, tel qu’il avait été laissé par Stiehr-Mockers. C’est le parti de restauration que présenta Christian Lutz dans une nouvelle étude préalable rendue en février 2015 et qui fut validée par la Commission nationale des Monuments historiques lors de sa séance du 24 mars 2015.
Tout en revenant à un état historique cohérent et bien documenté, cette solution avait principalement pour but de remettre en valeur la tuyauterie de Silbermann, qui bien que remarquablement conservée ne sonnait plus dans son diapason d’origine, puisqu’en 1898 celui- ci avait été remonté de presque un ton, de 392 à 435 Hz. L’un des paramètres essentiels qui détermine le timbre d’un tuyau, c’est sa taille, c’est-à-dire le rapport entre son diamètre et la longueur de son corps. Si l’on diminue la longueur du corps en haussant le diapason, la taille devient plus grosse et le tuyau sonne plus flûté, ce qui modifie considérablement la couleur sonore du tuyau. Si l’on voulait restituer les timbres d’origine, il était donc indispensable de retrouver les longueurs d’origine, en rallongeant ceux qui avaient été recoupés et en refermant les entailles de timbre.
Pour accorder l’instrument au diapason moderne, près d’un ton plus aigu que celui de Silbermann, le facteur d’orgues Franz Kriess avait doté en 1898 presque tous les tuyaux ouverts d’entailles de timbre en incisant le métal et en l’enroulant sur lui-même. Ces entailles étaient à la fois destinées à faciliter l’accord et à influer sur le timbre en lui donnant plus de mordant
Dans le cadre de la présente restauration, toutes les entailles de timbre ont été refermées et ressoudées, de manière à retrouver le diapason et les timbres d’origine.
Un emplacement très inhabituel
Alors que dans la plupart des églises l’orgue est placé bien en vue à l’extrémité de la nef et qu’il constitue souvent l’un des éléments sinon l’élément le plus remarquable du mobilier, ici l’instrument a été délibérément caché aux yeux des visiteurs. La restauration globale de l’église, entreprise de 1859 à 1864 sous la direction de l’architecte d’arrondissement Antoine Ringeisen, avait conduit à la suppression de tout le décor baroque, pour retrouver une supposée pureté romane. La tribune occidentale fut alors détruite et l’orgue fut remonté dans une niche située au premier étage, au-dessus de la chapelle du transept sud, qui constitue la partie la plus ancienne de l’édifice, en tant qu’ancien chœur érigé vers 1150. On ne sait de quand date cette adjonction du premier étage, mais le linteau de la porte d’accès de l’escalier qui y mène porte la date de 1712. La clé de voûte qui porte les armes de la famille des Landsberg, décimateurs de la paroisse Saints-Pierre-et-Paul de Rosheim, ne sera d’aucune utilité pour dater ce local, puisqu’elle provient de l’ancienne sacristie et qu’elle a été réutilisée ici par Ringeisen. De cette pièce voûtée, le son de l’orgue peut s’échapper par une baie double du côté du transept, bordée par un garde-corps en forme de prie-Dieu, dessiné par Ringeisen, et par deux baies superposées du côté du chœur.
Cet emplacement en retrait, que Marc Schæfer qualifiait de « purgatoire », ne favorise évidemment pas la diffusion directe du son dans la nef. Mais même si le rendu sonore n’est pas celui qu’a connu Silbermann en 1733, cette perception un peu voilée ne manque pas de charme, dans une acoustique de grande qualité.
Un buffet d’orgue d’une sobriété toute fonctionnelle
Du fait que le buffet de Stiehr-Mockers est en grande partie occulté au regard des fidèles et des visiteurs, une présentation d’une grande sobriété a été délibérément choisie. Alors que tous les meubles livrés par ces facteurs d’orgues étaient confectionnés en chêne verni, ici c’est le sapin, essence de bois moins noble, qui a été utilisé, et seule la façade tournée vers le transept, autour de la fenêtre des claviers, est recouverte de peinture faux- bois. La structure à trois tourelles entourant deux plates- faces a été imposée par la réutilisation des tuyaux de façade de Silbermann, mais les tourelles plates et non rondes comme à l’origine contribuent aussi à l’impression d’austérité. La décoration sculptée est inexistante, sans claires-voies ni couronnements, et seules les moulures des corniches et architraves ne relèvent pas de la pure fonctionnalité.
La restauration de ce meuble a été réalisée sur site et s’est limitée aux prestations suivantes :
- un traitement insecticide par diathermie, pour éradiquer par des micro-ondes les insectes xylophages ;
- un nettoyage à sec, à la brosse aspirante ;
- la remise en place des panneaux arrière du buffet, qui avaient été déposés ;
- le renouvellement des éléments lacunaires, notamment pour les plafonds des tourelles latérales ;
- la suppression des éléments de Kriess dans la clôture de pédale, cette enceinte en sapin qui protège ce plan sonore ;
- la dépose de toutes les installations électriques.
La fenêtre des claviers
Véritable poste de commande de l’instrument, la console des claviers est située dans une fenêtre insérée dans la paroi latérale du soubassement, sur sa face occidentale. L’organiste est ainsi orienté vers l’instrument et il tourne le dos au transept sud. Cette fenêtre est contemporaine du buffet de Stiehr et est également confectionnée en sapin peint en faux-bois. Seul le pupitre destiné à accueillir les partitions est en chêne, caractéristique de la manière de Stiehr.
Les deux portes qui fermaient la fenêtre avaient disparu et ont été reconstituées en sapin, avec un décor faux-bois restitué par l’entreprise Fischer de Rosheim. Comme souvent, la console avait été envahie par des installations électriques très disgracieuses qui ont été déposées, en refermant proprement les trous. A l’origine, le pupitre était éclairé par deux chandeliers, dont les fixations sont encore visibles. Une plaque de zinc avait été posée sous la traverse supérieure de la fenêtre, pour éviter que la chaleur des bougies ne mettre le feu à la boiserie. Faute de modèle, ces chandeliers n’ont pas été reconstitués.
La console avant restauration (le banc de Stiehr a été restauré par Gaston Kern en 1995, en remplaçant les parties trop vermoulues)
Des claviers tournés vers la modernité
Des claviers posés en 1863 par Stiehr seul le cadre est parvenu jusqu’à nous. Les touches avaient été renouvelées en 1935 par la manufacture d’Ammerschwihr, alors reprise par Jean Lapresté. Confectionnées en tilleul, ces touches étaient très vermoulues, mais il était initialement prévu de les restaurer, notamment parce que c’était la première fois en 1935 que l’on confectionnait des claviers avec naturelles noires, pour « faire ancien », et que ce témoignage très précoce d’une conscience patrimoniale méritait d’être conservé en place.
Mais dès le stade de l’appel d’offres, Quentin Blumenrœder proposa de les déposer, en raison de leurs défauts intrinsèques, et de les remplacer en copie de Stiehr. Les nouvelles touches ont de fait été copiées dans l’orgue Stiehr de Willen posé par Stiehr-Mockers à la fin de l’année 1862. Ce ne sont pas les naturelles blanches qui sont ici un signe de modernité, puisque Stiehr avait adopté depuis 1835 les plaquages en os, ni le recours au sapin plutôt qu’au chêne plus traditionnel. Mais alors que Stiehr axait jusqu’alors tous ses claviers à l’arrière, ici les touches sont axées au milieu, elles se relèvent à l’arrière lorsqu’on les enfonce à l’avant. Cette nouvelle technique, importée d’Angleterre dans le Paris des années 1830, aura donc mis une trentaine d’années à être adoptée en Alsace. Comme à l’origine, les fonds de course des touches ont été garnis de drap de laine, cloué sur le bois.
La console en cours de restauration
Quant au pédalier, il n’était plus que très partiellement de Stiehr et a été reconstitué en copie de celui de l’ancien pédalier de l’église protestante de Riquewihr.
Les tirants de jeux et leurs étiquettes
Destinés à appeler les différents registres de l’instrument, les tirants carrés et leurs pommeaux tournés et noircis sont tous de Stiehr. Pour les identifier, des étiquettes manuscrites en papier avaient été collées au-dessus des tirants. Kriess les a ensuite recouvertes de plaquettes de porcelaine, de couleurs différentes suivant les plans sonores (ci-dessous à gauche). En dévissant ces plaquettes, on retrouvait presque toutes les étiquettes antérieures du côté gauche (ci-dessous à droite), mais seulement deux d’entre elles du côté droit.
Dans le cadre de la restauration, il a été décidé de déposer les porcelaines de 1898, de restaurer les étiquettes de 1863 et de les compléter par des étiquettes neuves en copie.
La mécanique de tirage des notes et des jeux
Lors de la reconstruction de 1863, Stiehr a confectionné une mécanique neuve, sauf pour la pédale où il a réutilisé l’abrégé de Silbermann situé sous les sommiers. Pour les claviers manuels, deux grands abrégés sont superposés à l’horizontale dans le soubassement, avec des rouleaux en sapin. Ces deux abrégés ont été restaurés sur site, car pour les sortir il aurait fallu démonter toute la partie supérieure du buffet, ce qui n’était pas souhaitable. Les rouleaux ont été sortis, les axes ont été polis et les bras en fer ont été protégés avec de la cire microcristalline. L’accouplement entre les deux claviers se fait par des contre-touches dotées de talons, qui viennent en contact avec les talons collés sur les touches du positif lorsque le système est actionné ; seules 26 contre-touches étaient encore en place, les autres sont neuves, copiées sur leurs voisines. A la pédale, la mécanique des notes comporte un abrégé horizontal au sol, de Stiehr, et un abrégé vertical sous le sommier de Silbermann.
Du fait que la console est située sur un des côtés du buffet, le tirage des notes des claviers manuels se fait par 2 abrégés horizontaux superposés dans le soubassement qui distribuent le mouvement vers les sommiers. Entièrement de Stiehr, ces abrégés comportent un cadre en chêne et des rouleaux en sapin dotés de bras en hêtre du côté des vergettes horizontales qui proviennent des claviers et de bras en fer du côté des vergettes verticales qui montent vers les sommiers.
Bien qu’elles soient confectionnées en sapin et qu’elles soient donc très légères, les vergettes horizontales pourraient flêchir sous leur propre poids ce à quoi remédient des guides montés sur un axe à mi-longueur.
Le tirage des jeux est très direct aux deux claviers manuels, avec des tirants traversant le soubassement à l’horizontale, des rouleaux en chêne pour les répartir en fonction de l’ordre des jeux sur les sommiers et des sabres en chêne entre les deux sommiers.
Les sommiers de la pédale
Assemblages de bois qui permettent d’alimenter en air sous pression le bon tuyau au bon moment, les sommiers sont les pièces centrales de l’instrument, dont la bonne qualité sera garante de la fiabilité du fonctionnement et de la tenue de l’accord à long terme. Sur les six sommiers que comptait l’instrument en 1733, trois d’entre eux ont émigré à Waldolwisheim, un quatrième a disparu et seuls les deux sommiers de la pédale sont restés à Rosheim.
Ces sommiers de Silbermann ont été restaurés en atelier, avec beaucoup de soins. Ce qui était trop usé a été renouvelé, notamment les boursettes en peau, ces joints d’étanchéité qui sont sollicités chaque fois que l’on actionne la note concernée. Mais certains morceaux de peau d’origine ont pu être conservés, comme la peau collée sous la grille, la peau des soupapes ou certains joints d’étanchéité au contact des pieds des tuyaux de bois, ainsi que la peau collée sur la table, qui est probablement de Stiehr. Si cela est possible, il est préférable d’éviter un remplacement systématique de la peausserie, car la durabilité de celles qui sont disponibles aujourd’hui est très inférieure à celle des peaux anciennes, du fait de l’évolution des méthodes de lavage et de tannage des cuirs. La plupart des ressorts en laiton qui relèvent les soupapes sont encore de Silbermann. Ceux qui avaient été changés ont été remplacés en copie.
Placés à l’arrière, non loin du sol, les sommiers en chêne destinés aux 3 jeux de pédale sont encore de Silbermann.
Une fois débarrassés de leurs chapes et de leurs registres, les sommiers montrent la peau collée sur la table, ainsi que les fentes qui se sont ouvertes dans cette table, suite à des étés caniculaires.
Ici déposé à l’envers dans l’atelier à Haguenau, l’un des deux sommiers de pédale en cours de restauration : la laye est ouverte et on peut apercevoir les soupapes (2 par notes).
Les sommiers des claviers manuels
Renouvelés par Stiehr en 1863, les sommiers des claviers manuels sont communs au grand- orgue et au positif, avec une alternance entre les notes du premier clavier et celles du second. Seule la pièce gravée du Cornet de grand-orgue, en chêne, est encore de Silbermann.
Constitués de pièces de bois collées dans des sens différents, les sommiers sont très sensibles aux variations d’hygrométrie, qui risquent de décoller ou de fendre des pièces. Ici, l’église romane n’est pas chauffée en hiver, ce qui évite les changements de température trop brusques. Les sommiers ont donc plutôt bien traversé les siècles et ils n’étaient pas sortis de l’instrument depuis 1863. Mais ils avaient tout de même souffert de certains étés chauds, notamment de la canicule de 1976. Sous les sommiers des claviers manuels, des déchirures du papier bleu avaient été colmatées avec des bandes provenant de nappes de cuisine en toile cirée… Là aussi, comme à la pédale, il a fallu tout restaurer en profondeur en atelier.
La peau collée sur les tables flipotées a été remplacée, pour pouvoir dresser les flipots, mais celle des soupapes a été conservée. En 1863, le montage de l’orgue semble avoir été un peu précipité, avec une inversion des tuyaux des deux côtés du sommier : les pieds ont été entrés en force dans les trous des faux-sommiers et comprimés. Après la restauration des pieds de tuyaux et pour éviter qu’ils ne soient à nouveau écrasés, les trous ont été râpés pour permettre un meilleur ajustage des tuyaux.
Sur chaque chape en chêne sont percés les trous destinés à un jeu. Par exemple , la 4ème chape à partir de la droite est destinée au jeu de Fourniture, avec ses 3 tuyaux par note. Dans l’autre sens les lignes tracées à la pointe sêche correspondent aux différentes notes, avec une alternance entre celles du Grand orgue et celles du Positif. A l’arrière-plan, à gauche, on aperçoit le soufflet.
Une fois décollé le papier bleu posé par Stiehr sur la face inférieure des sommiers on aperçoit l’alternance entre les barrages qui délimitent les gravures de chaque note et les flipots qui ferment ces gravures en haut et en bas selon la technique du sommier flipoté, utilisée par Stiehr et empruntée à la facture d’orgue allemande.
Sur les soupapes en chêne qui s’ouvrent pour laisser l’air sous pression entrer dans les tuyaux et les faire sonner, Stiehr avait marqué le nom des notes en utilisant la notation à l’allemande : on a ainsi, de gauche à droite, le sol dièse, le la, le fa dièse, le sol, le mi et le fa, et les traits obliques indiquent qu’il s’agit de notes de la 4ème octave du clavier. Les boursettes en peau ont été renouvelées lors de la restauration.
L’alimentation en vent
Autre département important de l’instrument, la soufflerie permet d’alimenter les tuyaux en air sous pression, que les facteurs d’orgues appellent le « vent ». Chez Silbermann, elle comportait trois soufflets cunéiformes – c’est-à-dire en forme de coins, comme des soufflets de forge – qui ont entièrement disparu. Ils ont été remplacés en 1863, probablement par un réservoir à tables parallèles, qui a lui-même cédé la place en 1926 à un nouveau réservoir de Kriess, placé en hauteur devant les tuyaux de façade.
Dans l’ignorance de l’emplacement initial et des dimensions exactes de la soufflerie de Stiehr, il a été jugé préférable de conserver le réservoir de 1926, en le révisant et en vérifiant son étanchéité. En revanche, un ventilateur électrique neuf a été livré pour alimenter ce réservoir L’étanchéité de tout le réseau de porte-vent et de postages a été vérifiée et le tremblant doux a été remis en fonction. Au démontage, la pression du vent était de 79 mm de colonne d’eau. Après divers essais à l’harmonie, elle a été ramenée à 73 mm.
Les tuyaux de façade
Lors de la reconstruction de 1863, Stiehr a réutilisé les tuyaux de façade de Silbermann. Ils échappèrent ensuite à la réquisition de 1917, lorsque l’administration allemande confisqua les tuyaux de façade en étain sur tout le territoire allemand et donc aussi en Alsace : le fonctionnaire chargé de les faire déposer aurait fait mine de ne pas les avoir aperçus…
Destinés à être vus depuis la nef, les tuyaux de façade étaient souvent confectionnés dans un alliage très riche en étain, de 95 % chez les Silbermann, mais le métal s’est oxydé au fil des siècles et a perdu toute sa brillance initiale. Confectionnés à l’atelier strasbourgeois par le jeune Johann Andréas Silbermann, alors âgé de 21 ans, ces tuyaux sont de très belle qualité. Alors que chez les Silbermann les tuyaux centraux des tourelles comportent en général des écussons rapportés et arrondis, ici tous les tuyaux ont des aplatissages en triangle.
La plupart des tuyaux de façade de l’ancien positif ont également été conservés, mais à l’intérieur de l’instrument, sur les sommiers. Ils présentent la particularité d’avoir des lèvres inférieures rapportées et relevées, ce qui n’est pas le cas dans les autres orgues des Silbermann.
Alors que dans le passé on aurait restauré ces tuyaux en repolissant le métal, pour leur rendre leur brillant, on conserve aujourd’hui la couche d’oxydation, pour garantir une conservation à plus long terme. On a même évité de les laver, ce qui aurait fait disparaître les derniers reliquats du vernis ancien qui protégeait le métal de l’oxydation à l’origine, même sur les tuyaux de façade, et qui n’existe plus dans les autres orgues Silbermann
A l’arrière des tuyaux les découpes des surlongueurs ont été conservées mais les pattes d’accord ont été supprimées par Kriess et remplacées par des entailles de timbre pour hausser le diapason. Lors de la restauration des tuyaux de façade les entailles ont été refermées et ressoudées et des plaques d’étain ont été soudées pour fermer les pattes d’accord.
Les tuyaux intérieurs en métal
La plupart des tuyaux intérieurs de l’instrument sont confectionnés en métal, dans un alliage d’étain et de plomb. Chez les Silbermann, conformément aux techniques habituelles de l’orgue parisien, dit classique français, certains sont très riches en étain, dans les jeux de Montre, Prestant, Doublette et Fourniture, pour développer un son plus brillant, et d’autres, tels les Bourdons, Flûtes, Nazard et Cornet, sont très riches en plomb, pour obtenir un timbre plus rond. Dans les deux cas, le métal était martelé, pour le rendre plus rigide, avec dans cet orgue la face martelée tournée vers l’extérieur; contrairement à d’autres instruments du même facteur Ici la plupart des tuyaux intérieurs sont de Silbermann, hormis deux jeux posés par Stiehr : la Gambe et le Salicional.
La restauration de ces tuyaux de métal a principalement consisté à revenir sur les transformations subies en 1898, lorsque Kriess avait haussé le diapason de près d’un ton. Il avait alors doté la plupart des tuyaux ouverts de petites fenêtres avec du métal enroulé sur lui-même, que l’on appelle des entailles de timbre, car elle ne facilitent pas seulement l’accord du tuyau mais agissent aussi sur son timbre, en lui donnant plus de mordant. Lorsque toutes ces entailles ont été proprement ressoudées, avec des soudures les plus plates et les plus discrètes possibles, il est apparu que les corps avaient également été raccourcis et nombre d’entre eux ont dû être rallongés. Certains tuyaux en étain étaient également abîmés par l’oxydation au-dessus de la bouche : il a fallu poser des greffes pour qu’ils puissent sonner à nouveau.
Dans certains jeux de Silbermann, notamment la Fourniture que l’on voit ici, l’étain dans lequel les corps sont confectionnés s’est fortement oxydé, en, se délitant par couches au point de créer des lacunes dans les lèvres supérieures.
Le métal corrodé a été protégé par une application de résine Paraloïd B67, avec plusieurs dilutions successives dans du white spirit. Beaucoup de tuyaux bouchés avaient vu leur bouche remontée, il a fallu les baisser par l’ajout de plaquettes rapportées, pour retrouver l’harmonie d’origine.
Les quelques tuyaux neufs qu’il a fallu réaliser pour combler les lacunes ont été réalisés par le tuyautier suisse Marco Venegoni.
Les tuyaux en bois
Même si la majorité des tuyaux sont confectionnés en métal, les tuyaux les plus graves sont confectionnés en bois. Dans la facture parisienne d’Ancien Régime, il s’agit de tuyaux en chêne, essence de bois que les Silbermann ont adoptée pour les basses aux claviers manuels, alors que dans l’orgue baroque allemand, c’est plutôt le sapin qui est utilisé pour les tuyaux de bois, un usage que les Silbermann ont respecté pour les tuyaux de la pédale.
Dans l’orgue Silbermann de Rosheim, ces tuyaux sont de qualité remarquable, tant par le choix des bois que par leur mise en œuvre. Dans les premiers tuyaux de la Montre 8 du grand-orgue ou de la Montre 4 du positif, confectionnés en bois, Silbermann était parvenu à une même promptitude d’émission du son que pour des tuyaux de métal, avec une continuité de timbre entre le bois et l’étain.
Les tuyaux en sapin avaient été recouverts de peinture ocre, pour tenter de les protéger des insectes xylophages, avec un succès relatif. Ils ont été traités par diathermie puis décapés à la vapeur pour retrouver le bois naturel. Comme ceux en métal, la plupart des tuyaux en bois avaient été recoupés et il a fallu les rallonger. Beaucoup de bouches de la Soubasse 16 de pédale avaient également été remontées et il a fallu les rabaisser par la pose de greffes. Il a également fallu reprendre de nombreux collages des faces, en utilisant un mélange à parts égales de colle de peau et de colle d’os.
Au revers des lèvres inférieures de l’Octavebasse 8, la découpe avait été creusée par Kriess pour élargir la lumière qui introduit la lame d’air dans la bouche, lorsqu’il avait placé des coins en bois dans les pieds pour réguler le vent. Il a été décidé de ne pas diminuer cette lumière en dressant la face intérieure, pour ne pas avoir à tailler dans le biseau ancien et pour en pas faire disparaître les marques de Silbermann à l’encre rouge. Les coins ont donc été conservés dans les pieds et les tuyaux ne sonnent plus en plein vent comme à l’origine.
Les jeux d’anches
Ici, les quatre jeux d’anches sont intégralement de Silbermann, que ce soient les résonateurs, les pieds, les noyaux, les rigoles, les languettes et les rasettes. Leur construction est pleinement conforme aux modèles parisiens qu’Andreas Silbermann a connu à Paris lors de son séjour de 1704-1706, chez le facteur d’orgues du Roi François Thierry.
Tous les tuyaux des 4 jeux d’anches de Silbermann sont remarquablement conservés, avec notamment leurs languettes, coins et rasettes d’origine. Ici la Voix humaine.
Remarquablement bien conservés, ces tuyaux à anches ont été restaurés dans toutes leurs parties et les quelques tuyaux qui avaient disparu au cours du XXème siècle ont été reconstitués en copie de leurs voisins.
L’étude de la tuyauterie
La restauration d’un orgue historique est une occasion précieuse pour rassembler de nouvelles connaissances sur l’artisan qui l’a confectionné et sur sa manière de travailler. Ici, l’étude a surtout porté sur la tuyauterie ancienne, qui constitue l’élément le plus précieux de l’instrument. Pour chaque tuyau ancien, un grand nombre de paramètres ont été relevés, comme la longueur et la circonférence du corps, la hauteur et la largeur de la bouche, l’épaisseur du métal, la hauteur et l’ouverture du pied, etc., et consignés sur des tableaux. La synthèse de ces mesures permet de comprendre comment le facteur d’orgues a donné à chaque jeu son caractère propre et quelles étaient ses intentions pour déterminer quelle serait la palette sonore de l’instrument.
L’étude de la tuyauterie de l’orgue de Rosheim a confirmé que les ouvrages d’Andréas Silbermann sont moins standardisés que ne le seront ceux de son fils Johann Andréas, avec plus d’expérimentations et plus d’adaptations aux caractéristiques de l’acoustique du lieu. Par exemple, la Montre 8 est ici entièrement en plein vent, même dans la basse, avec des pieds bien ouverts, ce que l’on peut interpréter comme une adaptation à l’acoustique particulière de l’église romane. Le Nazard du grand-orgue est de très grosse taille, sur toute l’étendue du clavier; alors que la Tierce du positif est de taille étroite, bien que construite en plomb, et ces tailles extrêmes dérogent par rapport aux usages de l’orgue classique français. La facture des Silbermann n’a donc rien de monolithique et est beaucoup moins normalisée que la simple lecture des compositions de jeux pourrait le laisser penser. Une fois encore, la restauration de l’un de leurs ouvrages a été très riche d’enseignements.
Le relevé des marques manuscrites
Dans la plupart des orgues anciens, les tuyaux comportent des marques manuscrites, gravées à la pointe sèche pour ceux en métal ou notées à l’encre pour ceux en bois, qui permettent d’identifier leur emplacement précis à l’intérieur de l’instrument. Dans la plupart des cas cette marque se limite à la mention de la note et seul le premier tuyau de chaque série comporte le nom du jeu. Alors que, chez les Silbermann, ces écritures sont en général assez parcimonieuses, souvent limitées aux pleins- jeux, aux pieds des tuyaux de bois, ainsi qu’aux tuyaux placés aux extrémités du sommier, ici elles sont plus nombreuses. Cela s’explique probablement par le fait que, hormis les tuyaux de façade et les jeux d’anches, tous les tuyaux de métal avaient été transportés depuis Strasbourg sous forme de plaques à plat et n’ont été roulés et soudés qu’à Rosheim par Johann Andréas Silbermann, dans une maison en face de l’église. On trouve ainsi des marques d’Andréas Silbermann et des marques de son fils Johann Andréas, avec parfois les deux origines sur le même tuyau. On trouve ainsi la mention du jeu sur la face inférieure des calottes des tuyaux bouchés, gravée avant que le tuyau ne soit soudé, par exemple “Bourdon”, “flutte” ou “cornet d’[écho]”. On note aussi la présence de marques ajoutées par Stiehr à l’occasion du démontage de l’instrument en 1859 par exemple “N° 6 Bosedif Terz” sur le premier fa du Flageolet 2, indiquant que ce tuyau était le plus grave de la Tierce du positif.
Du fait que les calottes des tuyaux à cheminées avaient été rendues mobiles par Kriess, il était possible de lire les inscriptions qui figurent sur la face intérieure de la calotte. Ces marques sont manifestement antérieures à la découpe et la soudure de ces calottes. Ce tuyau provient de la Flûte 4 au vu de l’inscription « flutte », avec 2 t comme toujours chez Silbermann.
Sur les tuyaux de la Trompette du grand-orgue, les marques laissées par Andreas Silbermann avant que les pavillons ne soient roulés et soudés à l’atelier sont encore bien visibles.
Chez les Silbermann, tous les pieds tournés en frêne des tuyaux de bois comportent une inscription à l’encre. Ici, sur le premier tuyau du Bourdon 8 du positif, on peut lire : « C Bourdon pos. Ø ».
En fonction de ses marques et de sa taille, chaque tuyau qui se serait égaré peut être reclassé à sa place originelle. Dans l’orgue de Rosheim, certains tuyaux de Silbermann ont été décalés ou déplacés par Stiehr, mais comme la présente restauration visait à restituer l’état de Stiehr, ils n’ont pas été remis à leur emplacement initial. Ainsi le Prestant du grand-orgue, qui a été décalé d’un demi- ton, ou le Flageolet 2 du positif, qui est formé de quatre tuyaux de la Doublette du grand-orgue, suivis de tuyaux provenant de la Tierce du positif.
L’harmonie et l’accord
A la fin d’un chantier de construction d’un orgue, le travail de l’harmoniste consiste à harmoniser les tuyaux un par un, c’est-à-dire à les égaliser en intensité et en timbre, pour que chaque jeu constitue une série homogène et que les différents jeux se mélangent bien entre eux. Dans le cas d’une restauration, l’harmoniste doit s’effacer derrière l’œuvre qui lui est confiée et ne pas chercher à apporter une touche personnelle à l’ouvrage : il doit également égaliser les tuyaux en timbre et en intensité, mais en veillant sans cesse à respecter ce qui apparaît encore des paramètres d’harmonie originels. Même si la tuyauterie de l’orgue Silbermann de Rosheim est réputée être très bien conservée, il y a eu nécessairement des corrections à apporter du fait du rétablissement du diapason ancien.
Certains jeux sont très proches de leur harmonie d’origine, comme les tuyaux ouverts en plomb des jeux flûtés et les tuyaux en étain de la Fourniture, ainsi que les jeux d’anches. D’autres jeux étaient plus altérés, comme le Prestant 4 qui a été décalé d’un demi-ton par Stiehr et les tuyaux de Bourdons dont les bouches avaient été rehaussées par Kriess ou par Lapresté.
Du fait que les tuyaux anciens avaient été davantage recoupés que ce que l’on croyait initialement, il n’a pas été possible de retrouver le tempérament originel de Silbermann, c’est-à-dire la manière de répartir les douze demi-tons dans l’octave. Dans le doute, il a été décidé d’accorder l’instrument en tempérament égal, qui n’est probablement pas bien loin de ce que pratiquait Stiehr en 1863. Le diapason d’origine a été restitué, à 396 Hz à 18°C, soit un peu moins d’un ton plus bas que le diapason moderne.
La composition des jeux
I. Positif intérieur (48 notes, CD-c’”) |
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Bourdon |
8 |
48 tuyaux de Silbermann, dont 15 en chêne et 33 en plomb |
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Salicional |
8 |
36 tuyaux de Stiehr, 1 tuyau neuf (première octave empruntée au Bourdon) |
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Montre |
4 |
48 tuyaux de Silbermann, dont 3 en chêne et 45 en étain |
|||
Flûte |
4 |
40 tuyaux de Silbermann, 7 tuyaux de Stiehr, 1 tuyaux neuf |
|||
Flageolet |
2 |
48 tuyaux de Silbermann, dont 5 provenant de la Doublette du GO et 43 de la Tierce du positif |
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Cromorne |
8 |
45 tuyaux de Silbermann, 3 tuyaux neufs |
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II. Grand-orgue (48 notes, CD-c’”) |
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Montre |
8 |
48 tuyaux de Silbermann, dont 3 en sapin et 45 en étain |
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Bourdon |
8 |
48 tuyaux de Silbermann, dont 15 en chêne et 33 en plomb. |
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Gambe |
8 |
48 tuyaux de Stiehr |
|||
Prestant |
4 |
47 tuyaux de Silbermann, 1 tuyau de Stiehr |
|||
Flûte |
4 |
48 tuyaux de Silbermann |
|||
Nazard |
2 2/3 |
48 tuyaux de Silbermann |
|||
Doublette |
2 |
41 tuyaux de Silbermann, provenant du positif, 7 tuyaux de Stiehr |
|||
Cornet |
5 rgs |
125 tuyaux de Silbermann. |
|||
Fourniture |
3 rgs |
144 tuyaux de Silbermann, avec une composition de Stiehr |
|||
|
C |
c |
c’ |
c » |
|
1 |
2 |
4 |
5 1/3 |
||
2/3 |
1 1/3 |
2 2/3 |
4 |
||
1/2 |
1 |
2 |
2 2/3 |
||
Trompette |
8 |
48 tuyaux de Silbermann |
|||
Voix humaine |
8 |
46 tuyaux de Silbermann, 2 tuyaux neufs |
|||
Pédale (24 notes, CD-c’) |
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Soubasse |
16 |
23 tuyaux de Silbermann, 1 tuyau neuf |
|||
Flûte |
8 |
24 tuyaux de Silberman |
|||
Trompette |
8 |
22 tuyaux de Silbermann, 2 tuyaux neufs |