STRASBOURG – Eglise protestante Saint-Thomas
Photo : J.P. Lerch
Jean-André Silbermann
1741
Classé au titre des Monuments historiques en 1971
L’orgue de l’église Saint-Thomas de Strasbourg est caractéristique des grands instruments citadins, jouissant d’un grand intérêt de la part à la fois des mélomanes mais aussi des « experts » et toujours à ce titre victime des modes.
Jean-André Silbermann fut chargé en 1737 de construire un nouvel orgue afin de remplacer l’instrument gothique existant. Cet orgue, achevé en 1741 comptait trente et un jeux sur trois claviers (grand-orgue, positif de dos et dessus d’écho) et pédale. La Fourniture de grand-orgue comptait quatre rangs et la pédale était dotée d’une Quinte de 5 1/3 : deux particularités là-encore destinées à renforcer l’accompagnement du chant des fidèles. Lors de son passage à Strasbourg en octobre 1778 Mozart fut convié par Jean-André Silbermann à jouer l’instrument.
En 1790, Conrad Sauer ajouta une Trompette au clavier d’écho. Martin Wetzel intervint en 1836, 1860 et 1886 pour remplacer plusieurs jeux en introduisant des jeux romantiques, notamment le Salicional. En 1908, la maison Dalstein-Haerpfer restaura l’instrument qui échappa de peu à sa pneumatisation grâce à l’intervention d’Albert Schweitzer, mais non à une transformation profonde avec la hausse du diapason à 435 Hz. C’est Georges Schwenkedel qui intervint à nouveau en 1927, 1938 et 1943 pour cette fois pneumatiser l’instrument et le réharmoniser. Le récit désormais expressif fut porté à vingt jeux et plusieurs autres jeux furent modifiés. En 1956, Ernest Muhleisen électrifia l’instrument qui avait alors cinquante-huit jeux sur quatre claviers et pédale !
Avec dix-sept jeux provenant de l’orgue Silbermann, deux autres jeux retrouvés dans d’autres instruments, ainsi que les sommiers (hormis celui d’écho), il y avait matière à retrouver l’esthétique d’origine. La restauration de l’orgue fut confiée à Alfred Kern et terminée en 1979. Le principe d’un retour à l’état d’origine était acquis, mais quelques adaptations furent décidées : le clavier d’écho a été étendu à quarante-neuf notes et comporte désormais dix jeux, le pédalier a été portée à vingt-sept notes (au lieu de vingt-cinq à l’origine) et deux tirasses ont été installées. La console d’origine de Silbermann n’a pas pu être réutilisée, mais elle est exposée dans l’église (cf. photo ci-dessous). Par ailleurs la statue de saint Thomas qui dominait la tourelle centrale du grand-orgue n’a pu être reconstituée faute de source documentaire.
Un relevage a été effectué en 2009 par la manufacture Blumenroeder qui a restitué deux soufflets cunéiformes à un pli sur les quatre qui existaient à l’origine. C’est de loin l’orgue Silbermann le mieux conservé à Strasbourg.